11. La méthode à six mille, anglais et informatique pour les lunes.
"Mais un baiser, à tout prendre qu'est-ce?
Un serment de plus près, une promesse
Le point qu'on met sur l'i d'aimer"
Joli n'est-ce pas? Tout le monde croit que c'est d'Edmond Rostand... Alors qu'en réalité c'est d'mon rouston.
Bref. Mettre les points sur les "i" c'est important. Cela peut même être vital. Voici une petite anecdote qui m'est arrivée ce matin sur la plage. Il y avait une jeune anglaise allongée sur le sable et je lui ai dit, en anglais (j'ai appris l'anglais avec la méthode à six mille. Je sais c'est un peu cher):
"Oh my gode, you are really a pretty beatch girl"
Le croirez-vous, elle s'est levée aussi sec pour giffler ma tête de noeud. Et vous savez pourquoi? À cause du "i". Parfaitement,. Je n'ai pas assez fait durer le "i" de "beatch" et j'ai prononcé "bitch", qui veut dire "pute". Je ne le savais pas... Par la même occasion, je me suis demandé si le fameux groupe de rock'n'roll les beach boys n'étaient pas tout simplement des fils de pute.
Moralité: soit vous apprenez l'anglais, soit vous vous abstenez de draguer les anglaises. Ou alors, vous faites comme moi: ma technique est la même que pour installer un logiciel sur mon ordinateur. À chaque fois que je reçois des messages en anglais que je ne comprends pas, je clique sur "yes" jusqu'à obtenir le programme que je voulais. Des fois ça bugue un peu, mais des fois ça marche.
Ah!.... L'informatique. Personnellement j'ai du mal avec le sexe virtuel. Je n'utilise jamais le portable par exemple: quand je l'allume il me demande d'introduire mon PIN, et vu la taille de la fente prévue à cet effet, c'est rigoureusement impossible... Pourtant elle est censée pouvoir recevoir une décharge de milliers de bites a la fois, voire de mégabites ! C'est à n'y rien comprendre. Pareil pour les joysticks (en anglais la traduction littérale serait "le bâton de jouissance"), à force de le branler dans tous les sens comme un dératé, je les bousille en moins de deux. Quant à l'ordinateur, quand je traque les souris sur internet, je détraque celle que je tiens dans la main, à force de cliquer dessus comme un malpropre je lui ai carrément défoncé le cul, la pauvre bête, et ce n'est pas la première... Il y a peu, j'ai acheté une nouvelle souris très solide. C'est une souris verte. Tu la trempes dans l'huile, tu la trempes dans l'eau, tu l'attrappes par la queue, aucun problème, c'est du solide. Et si tu la mets dans ta culotte, elle te fait trois petits blogs.
12. La traction animale
Comme vous l'aurez constaté, je me suis permis, depuis déjá quelques chapitres, certaines digressions philosophiques. Que voulez-vous, avec le temps je m'assagis et me pose de vraies questions existentielles. Par exemple, celle-ci: qu'est-ce qui différencie l'animal de l'être humain? Belle problématique, n'est-ce pas? Eh bien moi, je crois détenir la réponse...
Le propre (ou le sale) de l'homme n'est pas le rire, comme disait Bergson, un gars qui ne rigolait pas tous les jours, vous n'avez qu'à voir sa tronche sur wikipédia et vous comprendrez, mais tout simplment sa capacité à jouir. Par exemple, après l'être humain, l'animal le plus intelligent du monde, c'est le bonobo. Une race de singe pas très différente du chimpanzé mais qui a la particularité de branler sa queue vingt fois par jour et de baiser père et mère à longueur de temps (oui, ils sont tous bisexuels, ce qui nous permet d'affirmer par la même occasion que l'homosexualité n'est pas du tout contra natura, personnellement je connais des chiens qui enculent absolument tout ce qu'ils trouvent sans se soucier le moins du monde du sexe des pantoufles ou des sacs à mains). L'écrevisse, en comparaison, ne fornique qu'une seule fois dans s vie et meurt aussitôt après le coït, et ce n'est pas précisément un exemple d'intelligence. Et je ne parlerai pas ici de mon amante religieuse que j'ai eu autrefois... Mais je m'égare...
Voici une théorie tout à fait personnelle sur l'évolution de l'espèce, elle vaut ce qu'elle vaut mais elle explique tout, absolument tout le mystère de l'humanité. La grande majorité des mammifères vivent à quatre pattes. Jusque là, tout le monde est d'accord. Et lorsqu'on est à quatre pattes, cela veut dire que les femelles exhibent leurs attribus zérotiques tandis que pour les mäles ces mêmes attributs sont cachés. Il est vrai que lorsqu'un âne se met à bander, il ne passe pas inaperçu (c'est incroyable, on dirait une troisième jambe), mais mettez-vous à la palce d'une ânesse: elle, elle ne peut pas baisser la tête pour admirer cette bandaison extraordinaire, et c'est juste la fermière qui en profite.
Tout cela pour vous dire que chez les mammifères, le mâle doit séduire la femelle autrement qu'en exhibant son zob. Aussi le lion arbore sa belle crinière, le sanglier son groin cornu, etcaeterra etcaeterra. alors que la femelle n'a qu'à frotter un peu son vagin turgescent quand elle est en rut et le tour est joué. Mais un jour le singe s'est mis debout. Le sexe du mâle est devenu apparent, alors que la femelle a dissimulé le sien. Le mâle a renoncé aux parures inutiles. Le néanderthal n'avait plus rien à faire de spécial pour montrer qu'il voulait introduire son corps caverneux dans la grotte sa compagne poilue. Il lui suffisait d'ériger son poteau tabou et éventuellement dire à sa cromagnonne "Cromagnonne, allons voir si la rose", ou plus court et tout aussi efficace: "Totem!"
"Moi aussi totem, à la folie", répondait alors la cavernicole, et zogotounga zogotounga avec l'homo erectus.
Et aujourd'hui, que fait la femme pour "être sexy"? Elle se peinturlure le visage, met des corsets et elle se siliconne les nibards.
Cette anecdote peut vous sembler machiste, mais je me défendrais en vous disant ceci : le sexe c'est 95% la tête et 5% la queue. Donc pas besoin de se slilconer les nibards, on n'est pas au Moyen âge (d'ailleurs au Moyen âge, on n'avait pas encore invente la silicone)... En matière de zérotisme tout est à inventer ou à réinventer, il n'y a guère plus d'hommes ni de femmmes mais des corps faits pour jouir de mille et une manières: nous sommes des bonobos, foutre Dieu, pas des écrevisses, nous sommes les êtres les plus évolués et par conséquent les plus libidineux de la création, de beaux bonobos sapiens sapiens ultraévolués, des machines cà plaisir, spécialement conçus pour l'orgasme, faisons donc honneur à nos origines, non?
Enfin, pour conclure, je crois que la véritable merveille de la création, c'est l'escargot. Hermaphrodite, avec une maison sur le dos où il peut se recroqueviller chaque fois qu'il veut d'autoforniquer. Vraiment, c'est l'animal idéal: ça ne m'étonne pas qu'il n'arrête pas de baver, ce dépravé.
13. Le don d'orgasme.
Je continue mes digressions pour vous narrer une anecdote dont je ne suis pas protagoniste. Je l'ai intitulé "le don d'orgasme"
Le personnage principal est un général de l'US Army, qui s'appelle Ray Lee Rack Delakart. Un américain exemplaire, un militaire hors pair qui avait baroudé pendant 15 ans avec les GI, fier d'avoir fait triompher la liberté à grands coups de bazooka dans les pays les plus pauvres du globe, du Bougnouland au Boukistan en passant par les îles Sadam et Comores. Quand il n'était pas en mission, il s'adonnait à son sport favori, la chasse au négro et au pédé avec ses amis à tuniques blanches et chapeau pointu, turlututu. Une jolie tradition folklorique américaine.
Le sexe n'avait que peu d'intérêt pour lui, cependant, il demandait toujours une permission le jour de thanks giving pour pouvoir farcir sa dinde à la maison. À part ça, quand il était en manoeuvres, il demeurait abstinent, mis à part quelques chèvres et quelques viols collectifs auxquels il ne participait que pour maintenir le moral de ses troupes. En réalité, il avait une toute petite bistouquette, qui le complexait, et de surcroît, il bandait mou: son axe du mâle n'avait rien d'un missile atomique.
Un bon patriote donc, croulant sous les décorations, électeur de Bush (le père, le fils et le Saint Esprit), un parfait néo-con, comme on les appelle, pour qui le drapeau états-unien signifie "les justes, la tête dans les étoiles et les autres, entre les barrreaux rouge"
Or, un jour, en Irak, il reçut une grenade fort mal placée qui fit voler en éclats ses parties génitales. Ses couilles vinrent ses percher sur la branche d'un dattier, quant à sa bite, elle fut projetée en plein désert et nul ne l'a jamais retrouvée (on cherche toujours d'ailleurs cette arme de destruction massive)
Les soldats transportèrent aussitôt le général inconscient jusqu'au QG le plus proche, et là on décida d'affréter un avion pour le rapatrier jusqu'aux Etats-unis (n'oublions qu'il était général, pas un trouffion hispano lambda)
Ray Lee Rak Delakart fut opéré dans la clinique privée de son neveu, Junior Tood Dummond. On pratiqua sur lui la chirurgie la plus pointue, la plus avant-gardiste : on lui transplanta une nouvelle bite. On choisit une bite congelée, qu'on acheta à prix d'or au laboratoire qui avait surgelé Walt Disney, en faisant bien attention de ne pas prendre celle de Mickey ni la trompe à Donald. La bite la plus grosse, enfin la deuxieme la plus grosse, parce que la première était noire, une belle bite de première qualité, à 10.000 dollars le centimètre.
L'opération fut un immense succès. Un mois plus tard, on revnoya Ray chez lui, en lui assurant que ce nouveau braquemart fonctionnerait à merveille. Cependant, le général essaya de l'inaugure pour le thanks giving, mais il ne parvint pas du tout à bander.
Il retourna donc à la clinique, fort courroucé. Il expliqua au chirurgien que osn nouveau bazar fonctionnait quand bon lui semblait: quand il était avec sa femme, il n'avait aucune érection, mais celle-ci se déclenchait sans raison n'importe quand. Les médecins inspectèrent l'appareil génital du militaire, mais ils ne trouvèrent aucun dysfonctionnement.
"Mon général, lui déclara le docteur, si vous me permettez, le mécanisme érectile ne dépend pas de votre membre viril mais bel et bien de votre cerveau, de l'hypophyse pour être plus exact. Nous vous conseillons d'aller voir un psychologue, je pense que vous faites un rejet, et c'est bien normal, je vous rassure."
Ray Lee ne croyait pas aux psys, pour lui c'étaient tous des pédales juives de Brooklyn (c'est vrai, pourquoi font-ils allonger leurs patients dans un divan, déjà ? pensait-il), mais au bout de quelques mois, il finit par consulter.
"Voilà docteur, dit Ray Lee. Je ne parviens pas à avoir d'érection avec ma femme, par contre je me mets à bander n'importe quand sans aucune raison"
- Mmmmmmh, oui, je vois, répondit le docteur. Mais essayez de vous souvenir précisément de tous les ces moments où vous avec eu une érection, si vous y arrivez.
- Eh bien, vraiment n'importe quand, en fait. Tenez, par exemple, en passant en revue mes troupes.
- Mmmmmmmh, oui, je vois.
- Une autre fois, en regardant un match de basket. Juste au moment d'un tir de Magic Johnson.
- Mmmmmmmh, oui, je vois.
- Ah, et une autre fois, en regardant Ben Hur à la télévision. Vous voyez, docteur, c'est vraiment n'importe quand !
- Mmmmmmmh, oui, je vois. Et dites-moi, vous détestez les noirs et les homosexuels, n'est-ce pas?
- Bien entendu, je suis républicain !
- Mmmmmmmh, oui je vois. Mais vous savez, entre la haine et l'amour, l'attraction et la répulsion, des fois la limite est floue....
- Qu'est-ce que vous voulez dire par là ? , demanda le général, en colère.
- Eh bien qu'au fond peut-être vous sentez-vous attirés par eux... Votre accident a pu déclencher cette vérité latente en vous... "
Le général balança son poing sur la gueule du psy et sortit derechef du cabinet. Cependant, en rentrant chez lui, il croisa dans la rue un travesti cubain qui lui provoqua sa plus grosse érection depuis son accident. Alors le général comprit que le psy avait raison.
Une fois chez lui, Ray Lee s'enferma dans sa chambre, baissa son pantalon et posa son membre sur le lit. Il prit son pistolet dansl e tiroir de sa table de nuit (il avait des armes à feu dans tous les tiroirs de la maison) et pointa le canon sur son sexe, avec la ferme intention de tirer. Mais le sexe se mit de nouveau à bander.
"Pédé, négrophile et en plus masochiste !", s'écria le général. Mais il ne réussit pas à appuyer sur la gâchette. Au lieu de ça, il se masturba en repensant au cubain.
Ensuite, il sortit à la hâte dans la rue. Il voulait avoir le coeur net. Il entra dans un boîte gay... et ce fut la rfvélation.
Aujourd'hui, il a abandonné l'armée, le Ku kux klan, pour fonder le "cul cul clan". Et il a décidé de voter Obama aux prochaines élections, non pas par idéologie politique, mais tout simplement parce qu'il le fait bander chaque fois qu'il passe à la télé.
Il ne sut jamais d'où venait la bite transplantée. En réalité, elle avait appartenu à un écrivain des années 50. Je ne dévoilerai pas, pour cause de secret médical, le nom de cette artiste, sachez seulement qu'on le surnommait "troue ma capote".
14. Le goût et les odeurs.
(de l'importance de l'odorat dans les actes zérotiques)
Je ne la connaissais pas. C'était l'amie de l'amie d'une amie, et encore pas vraiment une amie, juste une connaissance. Mais je m'étais lancé. Pourtant, elle me plaisait à peine. Un peu midinette, un peu niaise aussi, certainement une façade pour une fille que je supposais intelligente, mais je n'avais aucune envie d'approfondir ni de la connaître plus que ça, et rien en elle ne me suggérait de l'érotisme, ou alors un érotisme de pacotillle, comme celui des revues pour salle d'attentes de salons de coiffures de quartier. Ce fut une odeur furtive qui me fit changer d'avis. Oui, une odeur.
Nous étions à une terrasse, elle assise en face de moi, et son parfum de vanille de petite fille insupportait mes narines. Quand soudain, elle changea de position sur sa chaise pour croiser les jambes et reçus de plein fouet un effluve échappé directement de son con. Comme une invitation. C'était un message qui m'était directement adressé, j'en étais absolument certain. Il est des couleurs quie l'oeil ne peut pas déceler, de même qu'il existe des ultrasons... Et il y a des odeurs subliminales. Les animaux usent tous de signaux odorifères pour attirer leurs partenaires, c'est bien connu, mais les humains secrètent eux aussi des parfums sexuels. En général, on ne s'en rend pas compte, ça vient s'incruster dans l'inconscient pour nous titiller l'hypophyse, mais là, la chaleur d'un après-midi de juin, la jupe fendue de la fille et la conjonction des alizées avaient rendu, une fois n'était pas coutume, évident ce vieux jeu de séduction animale que nous ne connaissons plus depuis l'invention des déodorants, after shave et autres supercheries odoriférantes.
Ainsi, alors que je n'avais rien fait pour la draguer, alors qu'on ne s'était échangé aucun regard complice, aucune parole de plus de trois mots, je lui donais en partant rendez-vous sur cette même terrasse, à minuit. Je savais qu'elle viendrait. Et à minuit elle était là. Il faisait un temps orageux, moite, de ces temps qui favorisent la putréfaction des chairs, la corruption des senteurs légères. En l'embrassant (sur les deux joues, du moins pour le moment), j'essayais de retrouver son odeur corporelle qui m'avait tant troublé, mais je ne pus rien déceler au-delà de son essence vanillée, de ce sale parfum mielleux de collégienne.
Je décidai alors, pour me débarrasser de ce parfum horripilant, de l'imprégner d'odeurs perverses. Je l'entraînai dans un bar, le plus glauque de la ville. Dans ce trou à rats mal ventilé flottaient les senteurs les plus stridentes: fumée, sueur, graisse, bière et vomi. Les toilettes renvoyaient des relents de merde, de hashish et de javel qui saturaient le local. Nous restâmes bien une heure dans ce bouge infect. Nous avons bu, nous avons fumé. je fis exprès de renverser ma tequila dans son cou en lui parlant à l'oreille, histoire d'anihiler son maudit arôme à la vanille. Nous ne pouvions pas nous parler dans le brouhaha, nous ne pouvions pas non plus nous renifler dans toute cette puanteur. alors je l'ai embrassée, pour tester enfin le goût de sa bouche.
Ce fut un cocktail de salives hautement alcoolisé. J'apportais la tequila et la vodka à l'herbe de bison, et elle le rhum à la canelle. Langues enrobées de nicotine, et nos baves en guise de glycérine, ce cocktail explosif mit le feu aux poudres. Nous décidâmes aussitôt de rejoindre son appartement, à quelques pas de là.
Dans la rue, accroché à son cou, je humais sa nuque: le parfum était encore celui du miel, mais un miel qui aurait été léché goulûment par un ours. Le sucre s'était mélangé au sel de la tequila, à la sueur, au tabac, à l'alcool et au vice. Elle sentait enfin le stupre. J'étais ravi.
Je ne me souviens plus de son appartement, juste de l'odeur de ses draps. Le même adoucissant qu'utilisait ma grand-mère, à la lavande commerciale. Je devais, à tout prix, de nouveau, dénaturer cette odeur. Aussi, alors qu'on se roulait sur le lit, je me débrouillais pour frotter tous nos fluides corporels contre les draps pour les embaumer d'essences érotiques. Même, feignant une caresse osée, je parvins à lui torcher le cul avec l'ourlet de son oreiller. Elle prit cela pour un jeu érotique. Tant mieux. La lavande peu à peu s'estompait, se mêlant à la vodka, au tabac, au vomi. J'avais réussi à corrompre cette satanée odeur de sainteté.
Je délaissai son haleine alcoolique et fit descendre mon nez le long de son corps. Je l'enfouis un temps sous son aisselle, humide et salée, puis descendant encore, je lapai quelques gouttes de sueur moisie sous le repli de son sein. Son ventre n'était pas assez épicé à mon goût, aussi je descendis directement vers son vagin, empressé de connaître son arôme. Il est des cons fades, des cons fruités, des cons voluptueux, mais le sien était amer, nauséabond, quelque peu rebuttant il est vrai, mais il attisait mon excitation au plus haut point. Elle avait beaucoup bu et par conséquent, beaucoup pissé, et son con avait la saveur de l'urine, salée, acide et rance. C'était un trou sordide et écoeurant. Cependant, peu à peu, cette odeur si forte se diluait peu à peu, adoucie par l'écume veloûtée de sa sécrétion intoime. C'était un mélange d'âpre et de moelleux, d'une puanteur merveillleuse et fascinante.
Pendant ce temps, elle goûtait à ma queue, qui semblait beaucoup lui plaire, car elle me suçait avec frénésie. Je flairais un peu son anus, mais je n'aimais pas encore assez cette fille pour m'y attarder. Je me laissais donc entraîner par l'envie hédoniste de déguster ma propre queue, et le seul moyen de le faire était par le biais d'un baiser. En l'embrassant, je connus donc l'effluve de mon zob qui avait imbibé sa salive, et l'odeur de nos deux sexes se conjuguèrent dans nos bouches.
Je cherchai un préservatif. elle me tendit un capote aromatisée à la fraise... Hérésie ! La bite doit sentir la bite! Qui mangerait une viande grilllée au fumet de banane? Pour le sexe, évidemment, c'est identique... Je m'emparai donc d'un préservatif dans mon portefeuille. Odeur de caoutchouc lubrifié. C'est une odeur apprise, non instinctive, qui n'a rien d'érotique en soi, mais que mon cerveau associe aussitôt à l'orgasme.
La suite fut un bouquet d'odeurs paradoxales. Souffle chaud de ses narines haletantes, haleine chargée de carbone et de vapeurs éthyliques, transpiration et crasse. Cannelle, pisse, vanille et foutre. Sel et sucre, rhum, tequila, lavande suintante et herbe de bison. Miel dans le cou, fiel dans le con. Gauloises et gitanes, tabac brun, tabac blond. Frottis du caoutchouc et odeur de brûlé. Effleuves corporelles entrecroisées. Sueurs qui s'évaporent en volutes. Apothéose de senteurs stimulantes.
Après l'amour, jevfis un tour aux toilettes, histoire de débarbouiller mon visage et mon zob. Quand j'entrai de nouveau dans la chambre, je fus saisi par cette odeur si agressive. Elle ne m'excitait plus, bien au contraire. Prétextant la chaleur, j'ouvris grand la fenêtre et respirai profondément. L'orage avait enfin éclaté. La ville entière sentait la terre mouillée. Je prise par dessus tout cette odeur, que mon cerveau associe aussitôt à la liberté. Allez savoir pourquoi.
15. Souffrez que je vous dise...
« Madame, souffrez que je m’introduise ». Combien de fois ai-je déclaré cela à une femme ! Et, contrairement à mon habitude, je ne mentais point en leur lançant cette formule, puisqu’effectivement, étant donné l’envergure de mon noeud, l’introduire représentait une véritable souffrance pour ces dames. Bien entendu, il ne s’agissait là que d’exquises souffrances, de celles qui ne font qu’aviver le plaisir, comme la délicieuse caresse de la flamme dans l’âtre vous picote un peu les joues.
Mais hélas, comment aurais-je pu savoir que la souffrance que j’infligeais à mes maîtresses était toute autre, bien plus sournoise et maligne ? Comment aurais-je pu savoir qu’en réalité mon dard était empoisonné, et que chaque fois que je le plantais dans les entrailles d’une femme, je la blessais à mort ? Moi qui pensais que d’un coup de braguette magique, je transportais mes amantes jusqu’au septième ciel, en fait je les vouais aux affres du neuvième sous-sol des enfers. Mon braquemart ne braquait réellement que dans une seule direction : celle du trépas. Satané braque-mort !
Certes, je sais depuis longtemps que je vais mourir avant la fin de cette année 2008. Je sais déjà depuis 3 siècles la date exacte de mon décès, qui me fut annoncé au détour d’un chemin par une moissonneuse sans visage enroulée dans un long châle noir. A vrai dire, peu m’en chaut de mourir, j’attends même cet instant avec une certaine impatience, on est toujours las de la vie lorsqu’on vit trop longtemps. Non, la mort ne me fait pas peur, la vraie raison de mon tourment est de savoir que cette sale putain de camarde m’a joué un tour de pendard, en faisant de moi son acolyte, son laquais, son employé dévoué, à mon insu. La mort est une vile traitresse sans foi ni loi, elle est pire que le diable, et ce n’est qu’une façon de parler, car je ne crois ni en Dieu ni au diable et suppute que les seuls cornus qui existent en ce bas monde sont les maris cocufiés... Mais la mort, elle, elle existe bel et bien, et c’est une belle salope qui fauche les humains sans raison, les plus innocents, les plus fragiles en premier lieu, et qui prend un malin plaisir à inventer de nouveaux jeux pervers pour assouvir son vice. En son temps elle s’amusa fort avec la peste, mais une fois que la peste fut vaincue par les hommes, elle déclencha le choléra, et après le choléra... Quoi, vous n’avez toujours pas compris ? Je veux vous parler bien sûr du Sida. Cela fait vingt-sept ans que je suis porteur de la maladie et que je contamine mes maîtresses sans le savoir, que je suis à la fois victime et bourreau, une marionnette entre les mains de la camarde...
Le vampire de l’amour
Sème la mort sûre sur son parcours
C’est le poison sous l’épiderme
Le démon craché dans le sperme
Ton vagin
Devient calice
Calice à venin
Auréolé d’épines
Qui m’égratignent
Et mon pénis
Te le rend bien
Comme un canif
Qui t’assassine
Ce sont les seuls vers que j’ai pu produire depuis que je connais la teneur de mon terrible mal. Je ne sais pas si vous l’avez remarqué, amies lectrices, mais ces derniers temps je ne vous livrais plus mes propres histoires, mais celles de tierces personnes, attribuant aux truies les cochonneries que je ne faisais plus moi-même. C’est que mes propres anecdotes ne sont pas aussi grivoises et truculentes, ces dernières années.
Non, je suis désolé, aujourd'hui point de cochonneries, vient le moment de vous raconter un peu ma chienne de vie. Parfaitement, c'est une histoire de chien... Andalou pour être plus exact. Tout d’abord parce que c’est une histoire pour le moins surreáliste, mais surtout parce qu’elle a lieu à Séville. Un conte de « Perro » quoi...
Nous sommes dans les années 60, dans un bidonville gitan de la périphérie de Séville... Lorsqu’Alba, la fille du patriarche naquit, elle était bien la plus belle de toutes les filles de la communauté. Toutes les diseuses de bonne aventure du quartier lui prodiguèrent leurs voeux les plus sincères. Une lui promit une beauté sans pareil, l’autre lui offrit le don de la danse. Mais on avait oublié la vieille sorcière ( je ne sais plus si elle s'appelait Carabos ou Karaba... Ah non, Karaba, c'est sorcière de Kirikou). Vexée, la vieille gitane surgit au cours de la fête et prononça cette sentence :
« Lorsqu’Alba aura 18 ans, elle se piquera avec l’aiguille d’une seringue et elle mourra » !
L'assistance était atterrée. Une des bonimenteuses de tout à l'heure, pour réparer quelque peu la sentence de la vieille, ajouta:
« Mais un jour, un prince viendra la baiser dans sa couche et elle se réveillera »
C'était un moindre mal, le maléfice était impossible à défaire.
Après la mort de Franco, en 1975, l’héroïne apparut dans le bidonville. De la poudre de mort concoctée par la mauvaise fée. Les gamins tombaient comme des mouches. Les parents avaient beau interdire les seringues, la drogue était beaucoup plus forte que les volontés adolescentes... Et fatidiquement, notre héroïne, un jour, rencontra l’autre héroïne, celle en poudre. Elle se piqua l’avant bras, et tomba dans un profond sommeil.
Dans les années 80, je voyageais en Andalousie, et sur la place de la Giralda, à Séville, une femme gitane me prit par le bras et me supplia, à grand cris, quelque chose en espagnol... Or, grâce à la méthode "à six mille" dont je vous ai déjà parlé, il se trouve que je baragouine un peu la langue de Cervantès, et j'ai pu saisir les grandes lignes de ce qu'elle racontait: « Je vous en conjure, monsieur, venez baiser ma fille, s’il vous plait... »
J’en conclus que la jeune fille en question devait être tout à fait hideuse, si personne n’acceptait de la baiser... Mais, poussé par la curiosité, je suivais la gitane, qui m'amena jusqu'à son bidonville, loin du centre ville. Quand j'entrais dans la chambre où se trouvait la dormeuse, quelle ne fut pas ma surprise lorsque je me rendis compte que la dormeuse était bien la plus belle et la plus charmante des femmes. Je demandai à ce qu’on en nous dérange pas, puis une fois seul dans la chambrette, j'ondulais sur la belle andalouse.... Et tout à coup, elle se réveilla en sursaut sous mes coups de boutoir pour m'accompagner aux castagnettes. Elle avait ressucité. Un vrai miracle.
Je fus tout de même fort étonné que la famille ne veuille pas que je l’épouse. Ce n'est pourtant pas dans les moeurs gitanes... Au contraire, on m’expulsa du bidonville. Étonné, mais heureux de m’en tirer à si bon compte je poursuivis mes aventures... Je ne savais pas que je venais d’être contaminé par l’odieux virus.
Plusieurs semaines après, je me sentais mal. Mon noeud qui coulait, des rhumatismes. Un herpès qui apparut sur mes lèvres devenues mauves. Une sorte de Kyste au cou… Je n’y prêtais pas vraiment attention, puisqu’à cette époque, je savais que j’avais encore plus de vingt ans de vie devant moi. Je me souviens parfaitement, le 6 août 1983, j'appris la mort de Klaus Nomi. La première fois que j’entendais ce mot: le SIDA. La maladie des homosuexuels. Mais ce n’était pas mon cas… Je continuais mon pépiple : Paris, Rome, Madrid, Amsterdam. Mon mal s’atténuait, mais n’avait pas disparu. La camarde assassine avait décidé de me donner un répit pour que je me devienne le relai de sa faux. Trois ans plus tard, en 1986, j’appris la mort de Rock Hudson. C’est à cette époque que je commençai à mincir. Je ne m’en souciais pas encore. Mais lorsqu'apparurent de nouveaux symptômes, je décidai de consulter un médecin. Le verdict fut implacable: j’étais atteint du fameux virus. Positif. Zéro positif, trois fois rien, pardonnez du peu ! À l’époque, on ne pronostiquait pas plus de deux ans d'espérance de vie aux personnes infectées.
Pour moi, cela ne changeait rien à mon destin, puisque j'avais passé un accord avec la camarde et connaissais déjà à l'avance le jour demon trépas, par contre je songeai aussitôt à toutes les femmes que j’avais baisées en 4 ans, aux 4 coins du globe… Je devais absolument les informer et qu’elles fassent le test pour savoir si elles aussi, elles étaient porteuse du virus.
« Soufrez que je vous dise ». Moi la victime, j’étais devenu bourreau. « Souffrez que je vous dise » : je rencontrais une à une mes anciennes amantes, pour leur annoncer la terrible nouvelle. Souffrez mesdames, souffrez… Certaines s’étaient mariées entre-temps, elles avaient eu des enfants, contaminées eux aussi… Souffrance. Couples brisés, vies gâchées. Et la mort, partout, sur mon passage...
Cela fait vingt-sept ans que je passe de pays en pays, de ville en ville, de maison en maison pour annoncer la mort. Le commis, le hérault, le VRP de la grande camarde, et elle, elle s'amuse fort en me voyant travailler pour elle. Dans chaque ville, je l'aperçois furtivement, à la sortie d'une gare, au coin d'une avenue, elle est là, entourée de longs châles noirs, qui traverse les rues comme une âme en peine et s'évanouit aussitôt après. Et moi, je ne suis plus qu’une ombre, un fantôme en sursis.
Souffrez mesdames, souffrez. Car il n'y a pas de remède contre le mal d'amour.
Mais voilà que nous sommes enfin en 2008... Il était temps. J'attends cette vieille camarde avec impatience. J'ai hâte...
16. Appendice (éléphantesque).
Mesdames... Si vous pensiez que j'allais me laisser mourir, ainsi, sans rien faire, comme un vulgaire retraité, c'était fort mal me connaître. Foi de gascon, je dois mourir avec le panache. “Du panache, encore du panache et toujours du panache”, cette phrase -qu'on a à tort attribué à Edmond Rostand, alors que c'est d'mon rouston- m'a rendue mondialement célèbre, et bien je ne vais pas trépasser sans ériger une dernière fois mon panache (le panache c'est une queue bien sûr). Et puis de toutes manières, je ne pouvais pas achever mon récit sans y inclure un appendice (qui s'annonce fort long, comme vous pouvez imaginer). Voici donc la fin de cette histoire, le dénouement, ce qui veut dire littéralement le moment où mon noeud se défait.
Avant de mourir, j'ai décidé de partir là où tout avait commencé, à Séville, la ville où il y a environ 30 ans, j'attrapai cette terrible maladie du Sida. Je ne savais pas pourquoi, mais je sentais que c'était là que tout devait s'achever. Question de flair (et vous vous doutez bien que je n'en manque pas avec un pif pareil). Aussi, je pris mes cliques et mes claques, et je m'en fus en plein été jusqu'à l'aéroport.
“Nom de Dieu c'est triste Orly le dimanche avec ou sans Bécaud”, je ne sais plus très bien quelle est la brêle qui chantait ça, mais moi franchement je préfère avec des bécots, ça remonte le moral et le reste par la même occasion. Enfin. À peine arrivé à Orly, j'aperçus une touriste allemande traînant une très lourde valise et qui me dit droit dans les yeux (qui portaient eux aussi des valises d'ailleurs -cela faisait des jours que je n'avais pas dormi-) : “Bitte jeune, biite jeune”... Voilà donc la preuve que malgré mes 333 ans et ma mort imminente, je ne passais pas encore pour un vieux croûton. Seraient-ce les voyages, qui forment la jeunesse? Je filais donc un coup de main à cette jeune femme (et même deux coups de mains, un sur chaque téton de la teutonne) et comme elle me l'avait demandé avec tant d'insistance, je la tringlais dans un photomaton du hall de l'aéroport, sans oublier bien sûr, pour éviter les voyeurs -si ça s'appelle un photomaton c'est qu'il doit y avoir une raison- de tirer le rideau (une tringle à rideaux, quoi). Bien sûr, avant de baiser la touriste, j'enfilais un profilactique en vitesse. Depuis que je suis affligé de mon terrible mal, je me préserve hâtif. Moi et la teutonne repartîmes chacun dans une direction, moi, plein d'entrain, vers la porte d'embarquement, et elle, plein l'arrière-train, vers la gare. J'étais heureux, mes aventures recommençaient. Je montais dans l'avion. J'étais à Séville une heure et demie plus tard.
C'est étrange.... Le destin avait choisi la ville la plus vivante d'Europe pour que j'y mourût. Je me souvenais, par bribes, de ma visite, il y a de cela 30 ans. Une ville grouillante de bruits, de couleurs, de senteurs. Le Guadalquivir, la Giralda, le quartier Santa Cruz, le bougainvillier suspendu aux murs immaculés des façades, les jardins arabes et les églises baroques, les placettes où les ombres se prélassent au soleil, la truculence de ses habitants, les trous coulants de ses habitantes... Mais cette fois-ci, je ne venais pas pour faire du tourisme, je hélai aussitôt un taxi pour qu'il me menât à l'endroit où jadis se trouvait le bidonville le plus peuplé d'Europe, le bourbier de Séville, et je vous prie de croire que là-bas, il n'y avait ni Figaro ni beaux marchés, juste un marché aux puces, et encore des puces d'occasion, de deuxième main, pas même pucelles.
Le taxi me déposa à l'adresse que je lui avais indiqué, mais le bidonville n'était plus là. À la place, on avait construit à la va-vite une cité en béton, la cité des 3000, la plus malfamée de toute l'Andalousie (quand je dis mal famée, je veux parler de la délinquance, pas des femmes du quartier, car ici, des gitanes brunes bien roulées au teint de cendre et au regard de braise, il y en a des paquets. Paquets de vingt ou de vingt -cinq.)
J'arpentais le terrain vague qui menait aux 3000. L'air était chaud, asphyxiant, je me sentais à bout de souffle, comme étranglé, avec mon noeud coulant. Et tout à coup, à bout de forces je fléchis et perdis connaissance.
Je me réveillais dans un canapé-lit défoncé au milieu d'une chambre misérable. Devant moi, il y avait une bonne espagnole, d'environ 45 ans, qui me souriait, et quand je dis bonne espagnole, je ne me réfère pas à sa profession, mais à son sexe apeal, bien entendu -entre parenthèse, quelle drôle d'expression “sexe à piles”, non? « Pin up », à la rigueur je comprends, qui veut dire « pine levée », mais « sex à piles » ? À part pour un godemiché électrique, je ne vois pas trop-... Mais je m'égare. Je reconnus tout de suite cette femme: c'était Alba, la donzelle que j'avais réveillée en la baisant sur la couche, il y a quelques vingt-sept ans, et qui m'avait contaminé de la siphyllis contemporaine. Elle était en pleines formes (et si je le dis au pluriel c'est que je me réfère aussi bien à ses courbes plantureuses qu'à sa santé), signe que la maladie avait disparu d'elle comme par enchantement le jour où je l'avais étreinte. Cependant, mis à part ce point, la fortune ne lui avait pas souri et elle vivait dans la misère la plus absolue : seule, sans mari, sans travail, sa seule source de revenus provenant de son fils, d'environ 25 ans, cuisinier dans un boui-boui infâme du quartier.
Je restais une semaine chez Alba et peu à peu, je m'attachais à cette femme qui me choyait et me soignait si bien qu'elle me faisait bander plusieurs fois par jour (en effet, je m'étais blessé à la tête en m'évanouissant dans le terrain vague et cette femme m'obligeait régulièrement à changer mon bandage, dégoulinant de sueur. Il faisait si chaud...)
Or, au matin du septième jour, ce ne fut pas Alba qui pénétra dans ma chambre, mais une vieille femme enroulée dans un châle noir. C'était elle, la mort, fidèle au rendez-vous, qui venait enfin me chercher.
“Quoi, tu n'es pas heureux de me voir?, me dit-elle en avançant lentement
- Heureux non. Soulagé peut-être, répondis-je... Comment pourrais-je me réjouir après le tour de pendard que tu m'as joué, ces dernières années?
Elle s'approcha pour s'asseoir à mon chevet et dit sur un ton suave
“Oui, c'est vrai, je ne t'ai pas gâté ces trente dernières années... Mais dis-moi, les autres 300 ans que je t'avais offerts, qu'en as-tu fais ?”
A ces mots, je tombais des nues, ce qui n'est absolument pas dans mes habitudes puisqu'en général, les nues, c'est moi qui les fait tomber. En jaugeant ma mine typiquement gasconne (une mine déconfite de connard) elle poursuivit sur le même ton doucereux
- Tu étais immortel, cher sire Anus, et tu le savais. En as-tu profité? Je peux te garantir qu'en tout ce temps tu aurais pu sauver bien plus d'hommes que tu n'as tué de femmes en 30 ans. Mais toi, Sire Anus, tu ne t'es jamais soucié de ton prochain
- De mon prochain peut-être pas, mais de la prochaine, toujours, après chaque nouvelle conquête amoureuse, hé hé, rétorquai-je, sur un ton frondeur
- Tu aurais pu faire triompher l'amour et la paix autour de toi, mais tu as préféré baisouiller à droite et à gauche
- Je ne te permets pas ! Dis-je sur un ton outré. Déjà, pour commencer, je n'ai jamais baisé à gauche et à droite, mais toujours au milieu, dans le récipient prévu à cet effet, sans trop d'éclaboussure. Quant à la fameuse maxime “pisse and love”, je te signale c'est la devise des cons, qui sont spécialement conçus pour ces deux attributions, et je peux dire qu'au cours de ma vie, j'en ai vu de toutes les tailles et de toutes les formes. Non, franchement tu ne peux pas me reprocher de ne pas avoir favorisé la paix et l'amour... Je n'ai fait que ça dans ma vie !
- L'amour, dis-tu ? Répondit la mort. Mais mon triste sire, tu ignores tout de l'amour ! La délicatesse, l'attention, la tendresse, tu n'as aucune idée de ce que c'est, bougre de gros cochon
- Saint doux, priez pour nous, répondis-je, amusé. Désolé madame la camarde, mais vous confondez l'amour avec la mièvrerie. Moi, j'ai toujours détesté le sentimentalisme... Je n'aime pas Marie-Veau, ne vous déplaise, moi c'est l'amour vache qui me meut. Mais je ne suis pas non plus un être insensible, je suis juste pudique, et il m'arrive même d'être cucul, dès que les femmes ont le dos tourné.
- Je reconnais bien là ta verve habituelle, Sire anus, répondit la mort, et je sais que tu fus capable d'amour désintéressé au moins une fois dans ton existence. Lorsque tu sauvas la vie à cette jeune femme, Perle... Mais il y a de cela déjà 300 ans. Depuis, tu n'as absolument rien fait pour le bien de l'humanité!
- Si! À ma petite échelle, j'ai contribué lutter contre la faim dans le monde, en mangeant quatre repas par jour, ça n’a l'air de rien, comme ça, mais si tout le monde faisait pareil, le problème n'existerait plus, rétorquai-je alors, sarcastique
-Tais-toi, insolent!”, hurla-t-elle alors, et elle leva soudain son voile.
J'eus enfin l'occasion de contempler la mort dans les yeux. Et ce que je vis m'horrifia, car son visage était le terrible reflet de mon âme. Je me vis tout à coup creux et vaniteux, sans idéal, sans honneur. La mort avait raison, bien sûr. Je n'ai toujours été qu'un pauvre égoïste toute ma vie durant. Je croyais être l'ami des femmes et j'étais un épouvantable phallocrate... Certes, je n'étais pas méchant, mais je n'étais pas bon pour autant, je n'étais rien du tout, juste une baudruche gonflée d'orgueil. J'éclatai en sanglots.
“Si je pouvais me racheter au moins, soupirais-je enfin, au bout d'un long moment.
La mort posa sa main squelettique sur mon dos, et chuchota:
“Il n'est jamais trop tard pour bien faire... Mais es-tu vraiment capable de te sacrifier par amour?
- Que veux-tu dire?
- Serais-tu capable de vendre ton âme au diable ?
- Hum... Tu m'offres quoi en échange?, demandai-je, perplexe
- Je pourrais aider une personne que tu aimes...
- Dois-je décider tout de suite?
- Je te donne une heure pour réfléchir”
Je me retournais pour la remercier, mais elle avait disparu. Pourtant, je sentais toujours le frisson glacial de sa main sur mon échine.
Et me voilà, seul dans cette chambre délabrée. En réalité, si j'ai demandé un répit, ce n'est pas pour réfléchir, mais pour coucher cette dernière aventure sur le papier... Car ma décision, je l'ai prise aussitôt: tout à l'heure, lorsque la mort viendra me chercher, je solliciterai une grâce pour une autre grasse, ou plutôt grassouillette, je veux parler d'Alba, bien entendu, qui s'est si bien occupée de moi cette semaine. Elle le mérite bien... Quant à l'enfer ça ne me fait pas peur. Je l'ai déjà dit en une autre occasion: je n'ai aucune envie de connaître le paradis, il n'y a que des curés et des bonnes soeurs, qui n'ont de bonnes que le nom. Franchement, que ferais-je au paradis ? Les anges n'ont pas de sexe à ce qu'il paraît, et c'est pourtant bizarre, car les chérubins sur les tableaux arborent fièrement leurs zizis et coucougnettes. Les castrerait-on à l'âge pubère ? Et puis, si Gabriel a deux “L”, c'est que c'est une femme, Gabrielle, non? Un travelo peut-être ?... Mais bon, même en admettant que les anges soient des femmes, Angèle au paradis, ça me refroidit rien que d'y penser. Alors qu'en enfer, ce sont les chaleurs éternelles! La Mecque du Hot ! On a beau dire que là où il y a de la Géhenne il n'y a pas de plaisir, les harpies et les pécheresses impénitentes qui tirent le diable par la queue pendant que Satan bouche un con, c'est tout de même autre chose ! Diables et démons, je vous en conjure, annotez-moi sur votre carnet de Baal, je veux succomber pour les succubes, culbuter les incubes, enfourcher les catins de Babylone sous les yeux médusés des gorgones. Satan, Asmodée, Léviathan, belles et putes, et Lucie (une vraie diablesse, cette Lucie... Croyez-en mon expérience, si vous la rencontrez un jour, laissez donc Lucie faire), acceptez donc que mon vieux bouc prenne part à vos sabbats! Je suis vieux, je suis fatigué, j'ai amplement mérité de prendre une damnée sabbatique !
En écrivant ces derniers mots, je sens déjà les flammes de l'enfer me lécher le dos. La fièvre me fait délirer. J'entends une voix qui siffle entre mes tempes... Oui, c'est elle, c'est la mort qui me demande:
“Alors tu as décidé?”
Je veux répondre mais je ne parviens pas à articuler un son. Alors j'écris sur ce papier
“Aide Alba et son fils, moi j'ai choisi l'enfer”
La mort agite alors mon poignet pour écrire sur la feuille
“Soit. Ton voeu sera exhaucé. Et j'ai une bonne nouvelle pour toi: sache que l'enfer n'existe pas. Tout cela n'était qu'une épreuve pour savoir si tu étais un homme bon... A présent je le sais, et toi aussi, tu peux mourir en paix. N'aie pas peur, il n'y a pas d'enfer. Il n'y a rien, absolument rien, Sire Anus, juste un trou béant où l'on tombe sans fin”
C'est le silence absolu dans la chambre. La voix a cessé de parler dans ma tête. Je ne m'entends même plus respirer. Suis-je déjà mort? Non, pas tout à fait, je peux encore écrire... Alors voici ces mots tant que je peux les rédiger: mesdames, ne pleurez pas. Tout a une fin sur cette terre... Que voulez-vous, il n'y a pas d'humour heureux, c'est bien connu. Et puis je dois bien dire que la perspective de glisser sans fin dans un trou béant me réjouit. C'est beaucoup plus excitant encore que l'enfer!
Ceci dit, je ne suis pas pressé. Car comme dirait Corneille: “Et le désir s'accroît quand les faits se reculent”
Foutre Dieu, une rime en “ule”**!!!! Cette fois c'est la fin. Aaaaaarglll
Epilogue
Je m'appelle Juan. J'ai 27 ans. Je suis le fils d'Alba. Sire Anus de Vergetrac était mon père, mais ça, je l'ai appris juste aujourd'hui, une semaine après sa mort, en lisant ces notes qu'il a griffonnées chez ma mère, et que je viens de faire traduire en espagnol.
Si je rajoute ces quelques lignes à ce récit, alors que je sais à peine écrire, c'est pour vous raconter l'histoire incroyable que je viens de vivre et certifier que la mort a bien tenu sa parole. C'est important chez nous, les gitans, l'honneur. Si elle n’avait pas tenu sa promesse, je vous jure que je lui aurais fait la peau, moi, à la mort.
Comme je l'ai déjà dit, je m'appelle Juan. Mais on me surnomme “Sans graillon”, à cause de mon boulot, cuisinier dans un fast-food (“sans graillon”, vraiment y'en a vraiment qui méritent des beignes). Enfin, tout le monde m'appelait “Sans graillon”, jusqu’à présent, j'espère qu’à partir de maintenant ça va changer.
Deux jours après la mort du gros naze que ma mère avait hébergé (je l'avais un peu dans le nez ce mec, je ne savais pas ce que faisait ma mère avec lui et ça m'énervait... Maintenant c'est différent bien sûr), j'ai trouvé sur mon lit, en fin d'après-midi, une invitation pour une fête dans un palace à Marbella, sur la Costa del Sol. Il y avait mon nom écrit sur le carton d'invitation. Je n'en revenais pas, et encore moins quand j’ai trouvé un smoking dans mon armoire! J'ai dévalé les escaliers 4 à 4, et, là, je vous le donne en mille, à la place de ma vieille Seat 600, il y avait une Rolls, avec un chauffeur en queue de pie (son habit, hein, sa queue je ne sais pas comment elle est, je l'ai jamais vue, moi)
“Votre voiture est prête, monsieur, il me dit d'une voix pompeuse
- Qu'est-ce que c'est que ces conneries? je réponds
- Votre marraine vous permet d'aller au bal ce soir, mais sachez qu'à minuit exact, vous devrez abandonner le palace”
J'étais sur le cul. C'était quand même bizarre cette invitation de la part de ma marraine qui s'habille en noir depuis qu'elle est pubère et qui n'a jamais quitté le pueblo en 80 ans, mais c'est vrai qu'avec les gitans on peut s'attendre à tout. Sans trop piger, je suis retourné chez moi pour enfiler le smoking, puis je suis monté dans la Rolls.
Dans le palace de Marbella, il y avait toute la fine fleur de la jet 7 sur leur 31 qui sirotait du get 27. Sauf les cheiks, qui boivent pas d'alcool (il y avait un cheik en blanc, je crois que c'était l'émir du Coït, du Queutard ou du Bas-rein, je sais pas trop quel pays du golf -on dit les pays du golf parce qu'ils n’arrêtent pas de jouer au golf, à ce qu'on dit-). Huseyn et sa dame, et puis les stars du porno Jessica Pott, la polonaise Lech Vanessa, deux ou trois footballeurs qui s'appelaient tous Ronaldo, l'évêque d'Algésiras (qu'on appelle aussi l'étroit de Gibraltar) et je crois que j'ai même reconnu, si j'ai pas la berlue, Sconi. Y avait des boss, des beaux gosses, des bobos, des go-gos, et de la coke à gogo mais pas de cocos (pas même un socialiste). Bref, tout le gratin, mais moi je me sentais comme una « persona non gratina », et je n'en menais pas large.
Quand tout à coup j'ai vu, à côté de la piscine, la star du flamenco Alma Lerbón (celle qui vient de signer un contrat millionnaire avec le fameux label de Cadix). Je m'approchais et commençais à tailler des bavettes avec elle, jusqu'à ce qu'elle m'invite à en tailler d'autres dans sa suite. Je vous passe les détails. Mais juste avant de tirer mon 12ème coup, je me suis rendu compte qu'il n'en manquait qu'un pour minuit et je me suis barré dare-dare... La Roll's Royce n'était plus là, par contre, je ne sais pas comment se fesse, il y avait ma vieille bagnole à la place. Enfin, je suis rentré chez moi dans la nuit.
Le lendemain matin, tout le quartier s'était rameuté pour zieuter une Cadillac rose garée devant le terrain vague de la cité. Il y avait des mecs genre Kevin Costar dans bodygard avec l'oreillette incrustée dans le tympan et le flingue en bandoulière, qui faisaient monter les gars du quartier un par un par un dans la tire. Je suis descendu voir et j'ai demandé ce qui se passait à Don Quichotte, un pote à moi (on l'appelle Don Quichotte parce qu'il mendie aux sorties des églises. L'homme de la manche, quoi). Et il me répondit:
“J'sais pas. Si j'ai bien compris, il y a un mec qui s'est pointé hier soir dans une soirée friquée et qui a bourré une pute connue avant de se barrer. Mais apparemment, le mec il a oublié sa capote et la meuf a envoyé ses gardes du corps pour faire essayer la capote par tout le monde. J'ai l'impression qu'elle est King size, la capote, parce que tous les mecs qui l'essaient dans la caisse, ils ont la teub trop petite... Un bazar pareil ça doit pas courir les rues, moi j'dis. Tu m'étonnes que la richarde elle cherche partout le mec... Elle a méchamment dû prendre son pied...”
Bien sûr qu'elle a pris son pied, je me suis mis à penser. Un pied c'est une mesure anglaise qui équivaut à trente-trois centimètres. Pour ça, c'est vrai que je tiens de mon père, encore que lui, qui était un gars de la narine, il faisait encore plus fort... Il comptait en noeuds marins !
J'ai commencé à faire la queue (c'est une expression, ce n’est pas au sens littéral) convaincu que je serais le seul à pouvoir chausser la capote. Et aujourd'hui, du jour au lendemain, je suis devenu riche et célèbre... Ma meuf est belle et folle amoureuse... C'est sûr, j'ai eu de la chance. Enfin, après avoir lu le canard intime de mon père, je sais que ce n'est pas exactement de la chance.
Je m'appelle Juán. Hier “Sans graillon”. Mais maintenant que je suis devenu quelqu'un, je veux qu'on m'appelle “Don Juán”. Don Juán, el burlador de Sevilla. Olé !
Et RIP Sire Anus de Vergetrac, mon père putatif.
FIN